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Fabienne Zufferey-Corbaz

La tempête de verglas

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La tempête de verglas a recouvert une région du Québec, brisant sur son passage bon nombre d’arbres, avant de les figer dans leur fracture.

La nature gardait une exceptionnelle beauté.

La glace épousait chaque forme, les enveloppant d’une solide brillance.

Le vitrage des maisons s’est fait opaque. Le gel s’agrippait à qui le rencontrait, pendant que le vent poursuivait sa course folle.


Pendant ce même temps, des lignes électriques se rompaient sous le poids de cette nature déchaînée.

Une absence de courant prolongée allait désordonner les ménages, les privant de chaleur en hiver, de lumière dans l’obscurité, de nourriture cuisinée, de douche chaude, de travail, de contact et de confort dont l’acquisition ne fait plus l’objet de privilège.


Je me suis inquiétée pour ma petite famille du Québec, pleinement concernée.


Mon souci s’est atténué rapidement, non pas que le courant ait été rétabli, mais chacun d’eux s’était orienté vers les solutions, vers une expérience, celle de la privation de nos moelleuses habitudes.

J’entendais de leur part qu’il ne manquait de rien, puisqu’ils disposaient de couvertures, de bougies, d’éclairages décoratifs à batterie, de nourriture, d’un petit réchaud à gaz et surtout, d’imagination. Les normes d’aisance allaient changer et les occupations gagner en simplicité.

Ils se savaient en bonne santé, avaient un toit, ils étaient ensemble.


Tout allait bien, parce qu’on se souvient dans ces moments-là que d’autres ont tout perdu.

La rue rencontrait quelque agitation autour des magasins, des restaurants, des stations d’essence qui avaient échappé à la coupure de courant. Le calme n’est pas toujours de la partie lorsque le corps est menacé. Chacun fait au mieux de ce qu’il peut, chacun agit en fonction de sa vérité.


Les centres commerciaux accueillaient les familles qui venaient simplement se réchauffer avant la tombée d’une nuit froide. Fort heureusement, le Québec était sorti de ses nuits glaciales.


Des portes se sont ouvertes pour les plus démunis.

Un travail sans relâche a mobilisé les savoirs et les compétences des uns et des autres.

Le groupe avait tout son sens.

Je crains que la solitude soit restée isolée, prisonnière du manque.


J’ai lu dans la presse les mauvaises nouvelles, les dégâts, les morts, le coût des opérations, un réseau électrique inadapté. Tout ceci existe.

J’aurais aussi voulu lire l’entr’aide, la patience, l’adaptation, la bonne volonté. Des qualités qui donnent force et confiance. Tout ceci existe, tout ceci demeure trop silencieux.


Ainsi, je remercie mes enfants du Québec d’avoir représenté ces personnes qui, comme eux, ont mobilisé leurs ressources et leur humanité.


Vous êtes nombreux à choisir le verre à moitié plein, à la différence que l’attitude constructive ne s’entend pas, mais elle s’étend.

Elle ne se voit pas, mais elle éclaire.

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